Lauréats prix littéraire

Étaient en lice pour le prix littéraire :

Naufragés sans visages de Cristina Cattaneo (éd. Albin Michel)
Zébu Boy d’Aurélie Champagne (éd. Monsieur Toussaint Louverture)
Tempête rouge de Tsering Dondrup, traduit du tibétain par Françoise Robin (éd. Picquier)
La Shoah par balles de Patrick Desbois (éd. Plon)
Jour de courage de Brigitte Giraud (éd. Flammarion)
Entretiens avec Anna Akhmatova de Lydia Tchoukovskaïa traduit du russe par Lucile Nivat, Genevieve Leibrich et Sophie Benech (éd. Le Bruit du Temps)
– Palerme, ville ouverte de Jean Duflot (éd. À plus d’un titre)

 


Lauréats du prix 2020

AURÉLIE CHAMPAGNE, pour Zébu boy

Après avoir travaillé dans la presse et à la radio, Aurélie Champagne se consacre désormais à l’écriture de scénarios pour le cinéma et la télévision : elle est co-créatrice de la série Têtard, diffusée sur Canal + depuis octobre 2019. Spécialiste de la grande précarité, elle écrit un livre illustré qui retrace les trajectoires de rue d’un groupe de personnes sans-abris. Son 1er roman Zébu Boy, sélectionné pour plusieurs prix littéraires (Prix du Roman Fnac…) et lauréat du prix des Librairies Folies d’Encre 2019, a pour toile de fond l’insurrection malgache de 1947.

TSERING DONDRUP, pour Tempête rouge (traduit du tibétain par Françoise Robin)

Issu d’une communauté de pasteurs nomades, Tsering Dondrup (né en 1961) écrit depuis les années 1980 et a fondé une des premières revues littéraires indépendantes du Tibet. Ses dizaines de nouvelles et ses six romans ont été accueillis depuis avec enthousiasme par le lectorat tibétain, en raison de leur mélange d’humour et de noirceur. Tempête rouge ne fait pas exception : seul et unique roman tibétain décrivant l’invasion chinoise du Tibet, il n’épargne ni les cadres corrompus ni les lamas vénaux. A la sortie du roman, en 2006, Tsering Dondrup a été radié du poste qu’il occupait aux archives de son district et qui lui donnait accès aux informations confidentielles ayant nourri les faits relatés ici. Le roman a été immédiatement interdit par les autorités chinoises et son auteur s’est vu confisquer son passeport.

Prix d’honneur 2020

CRISTINA CATTANEO, pour Naufragés sans visage (traduit de litalien par Pauline Colonna dIstria)

Auteure de plusieurs ouvrages récompensés par de prestigieux prix italiens (Naufragés sans visage a notamment reçu en mai 2019 le prix Galilée), Cristina Cattaneo est médecin légiste. Elle est aussi et surtout à l’origine d’une loi votée par le Parlement italien, la première en Europe, prévoyant la mise en place d’une base de données qui permet de réunir les informations sur les personnes disparues et les ˝morts sans nom˝. Naufragés sans visage raconte son travail d’enquête sur les noyés de Méditerranée, un travail qui n’a pas de fin heureuse mais qui rend justice aux naufragés anonymes.

Prix spécial du jury 2020

JEAN DUFLOT, pour Palerme, ville ouverte

Quatre séjours d’une semaine entre l’automne 2016 et le printemps 2018 dans lacapitale sicilienne, c’est sans doute un peu court pour rendre compte du projet qui s’ydéveloppe depuis le début de la décennie. Ouvrir les portes de la ville à l’immigrationqui afflue de l’Orient et des territoires africains, dans le prolongement de celle despays de l’est (Roumanie, Bulgarie, Albanie, Yougoslavie), tel est l’objectif que cettecité portuaire s’est donné, en marge de la politique de fermeture européenne. L’enquêtedu Forum Civique Européen que nous publions a été entreprise dans le sillage d’uncertain nombre de réactions médiatiques (Woz, Le Monde, The Mirror…) à des proposdu maire Leo Luca Orlando, promoteur en 2015 d’une Charte de mobilité en rupturetotale avec la stratégie de l’UE. Selon lui, un journal allemand aurait même écrit «qu’en pensant à Palerme l’Europe devrait avoir honte »…

En définitive, c’est à partir de cette Charte de Palerme, sous- titrée « De la migration comme souffrance à la mobilité comme droit inaliénable de l’homme » que nous avons décidé d’explorer un territoire où se met en place une alternative à la liturgie sacrificielle de l’Europe. Dans le dédale de cette ville portuaire où cohabitent Palermitains et plusieurs dizaines de communautés étrangères, ce n’est pas seulement de l’étendue de la perte humaine actuelle dont on prend conscience, c’est aussi de celle de notre propre humanité

Découvrir la suite de la sélection 2020

PATRICK DESBOIS, pour La Shoah par balles

Ordonné prêtre en 1986, le père Patrick Desbois est petit-fils d’un déporté du camp de Rawa-Ruska. Depuis plus de 15 ans, lui et les équipes de son association Yahad-In Unum ont interviewé 6862 témoins oculaires des fusillades de Juifs et de Roms par les nazis et identifié 2843 sites d’exécution dans les pays d’ex-Union Soviétique. La shoah par balles est le fruit des recherches sur ce processus criminel journalier.

En 2015, le père Desbois lance l’initiative ˝Action Yazidis˝ dont le but est de fournir les preuves du génocide des Yézidis commis par Daesh en recueillant les témoignages des survivants au Kurdistan irakien.

Professeur à l’université de Georgetown (Washington DC), Patrick Desbois a reçu de nombreuses distinctions internationales. En 2018, il est lauréat de l’Anti Defamation League Award au 24e concert annuel contre la haine, l’intolérance, l’extrémisme et l’injustice.

BRIGITTE GIRAUD, pourJour de courage

Brigitte Giraud est l’auteure de dix romans parmi lesquels A présent (mention spéciale du Prix Wepler 2001) et Une année étrangère (Prix Jean Giono 2009). Jour de courage, qui retrace le parcours de Magnus Hirschfeld à travers le regard d’un lycéen homosexuel d’aujourd’hui, a été finaliste du Grand Prix du roman de l’Académie française 2019 et en lice pour le prix Médicis 2019. Brigitte Giraud vit à Lyon et est également conseillère littéraire pour la Fête du Livre de Bron.

 

 

LYDIA TCHOUKOVSKAÏA, pour Entretiens avec Anna Akhmatova

Après la mort d’Anna Akhmatova en 1966, son amie de résistance contre la Terreur, Lydia Tchoukovskaïa (1907-1996), entreprit de mettre en ordre ses notes (alors impubliables en URSS), version révisée et commentée dans les années 90 après la chute de l’Union soviétique. Lydia Tchoukovskaïa disparait à son tour sans avoir achevé son travail et c’est sa fille qui fera paraître 3 tomes avec des notes prises pendant la guerre à Tachkent qui n’étaient pas destinées à la publication. C’est sur ces trois tomes que se fonde la nouvelle édition intégrale en français, traduite par Sophie Benech (éd. Le Bruit du Temps).